Sidi Jamâl al-Qâdiri Boudchich est le fils aîné de Sidi Hamza (1922-2017). Il est né à Madagh (près de Berkane, dans l’Est marocain) en 1942, l’année même où son père et son grand-père, Sidi Hajj al-Abbas  (1890-1972),  commencèrent leur initiation à la voie soufie avec le sheykh Sidi Abû Madyan (1873-1957). Le sheykh Sidi Abû Madyan avait lui-même hérité du secret spirituel de plusieurs maîtres, notamment issus des voies Chadhilie et Tijane ; à l’invitation de Sidi Hajj al-Abbas, il s’installa  à Madagh, dans  le centre spirituel – zaouïa – fondé au début du XXe siècle par l’aïeul Sidi Hajj Mokhtar (1853-1914).

Durant son enfance, Sidi Jamâl a été nourri de la lumière de ces hommes dont l’ardeur de la quête et la station spirituelle exceptionnelle constituèrent un modèle sans pareil. Son grand-père lui portait un très grand amour et lui accorda la faveur de demeurer  dans son entourage intime jusqu’à sa mort. Sidi Jamâl est resté ainsi à son service, veillant avec attention au moindre de ses besoins. En parallèle, il apprit à Madagh le Coran et les sciences islamiques, puis partit au lycée Moulay Idriss de Fès afin de parfaire une formation complète en arabe et en français. Il suivit alors l’enseignement de plusieurs savants en jurisprudence (fiqh). Cet approfondissement des connaissances traditionnelles sera couronné par un doctorat d’Etat, que Sidi Jamâl soutiendra en 2001 en présentant une thèse intitulée : « L’institution de la zaouïa au Maroc entre tradition et modernité ». Dans ce travail, il propose un plaidoyer pour un renouveau au sein de cette institution afin qu’elle soit à la hauteur des défis contemporains et qu’elle retrouve son rayonnement de jadis.

Durant sa carrière professionnelle, Sidi Jamâl a été professeur de français, puis inspecteur des écoles coraniques de la province de Berkane. Il a toujours cultivé le goût de la transmission, relevant que celle-ci atteignait l’excellence lorsque l’amour et le respect fondent la relation entre l’enseignant et l’élève.

En octobre 1990, Sidi Hamza rédige son testament spirituel dans lequel il indique clairement que sidi Jamâl est son héritier spirituel : : « Par la guidance de l’amour et du compagnonnage, Allah a réuni dans cette voie ceux qu’Il a souhaité gratifier. Parmi les manifestations de Sa largesse et de Sa générosité, se trouve cet arbre pur qui nous abrite par son ombrage : l’arbre de la réunion spirituelle dédiée à l’invocation et au souvenir de Lui seul. Parmi Ses faveurs, il y a la plantation de cet arbre dans la terre Qâdiriya Boudchichiya par notre maître Sidi Abû Madyan. Ensuite, celui-ci a prescrit l’autorisation à notre père qui en a pris soin jusqu’à ce que cet arbre devienne vigoureux. Il mourut après nous avoir autorisé à poursuivre la continuation et l’expansion de la voie, dans la constante vénération de cette permission. Nous attestons devant Allâh que l’autorisation dont nous disposons pour enseigner le rappel à Lui sur la voie de l’humilité se transmettra après notre mort à notre fils agréé Sidi Jamâl, puis, après lui, à son fils gratifié Sidi Mounir. »

Au début des années 2000, Sidi Hamza s’installe à Naïma, à 100 km au sud de Madagh, et confie à Sidi Jamâl le soin de veiller au bon déroulement des activités au sein du centre spirituel de la confrérie. C’est ainsi notamment que Sidi Jamâl participe chaque samedi à la zaouïa aux soirées de sama’ (litanies et chants spirituels). En toutes occasions, il se montre toujours disponible et bienveillant pour accueillir et conseiller les disciples de la voie venus séjourner quelque temps à la zaouïa.

Sidi Jamâl  effectue le pèlerinage à La Mecque et rend visite aux disciples dans les grandes villes du Maroc, ainsi  que dans les différentes zaouias existant en Europe (notamment en France, Belgique, Royaume-Uni…). Il a le souci permanent de superviser la construction de nouvelles bâtisses à Madagh, afin de répondre aux besoins sans cesse croissants d’espaces d’accueil. Il soutient et préside les Rencontres Mondiales du Soufisme, organisées par son fils Sidi Mounir, à l’occasion de la célébration de l’anniversaire du Prophète Muhammad (PSL). Cet événement rassemble chaque année des spécialistes du soufisme venus de tous les continents et constitue l’une des nombreuses occasions de se produire pour l’ensemble de madih et sama’ constitué par un autre de ses fils, Sidi Mou’adh. Cet ensemble de choristes formé de disciples de la tarîqa Qâdiriya Boudchichiya excelle dans l’interprétation a capella du sama’, qu’il offre dans tout le Maroc et ailleurs à l’occasion de concerts spirituels.

En janvier 2017, à la mort de Sidi Hamza, Sidi Jamâl devient le guide spirituel de la confrérie, confirmant qu’il est désormais le détenteur du secret spirituel (sirr) dont il a hérité de son père. Cette succession s’effectue de façon fluide et apaisée, les disciples renouvelant auprès de lui le  pacte initiatique qu’ils avaient pris avec Sidi Hamza.

En guise d’hommage à son père, Sidi Jamâl fait édifier à Madagh un vaste mausolée à proximité immédiate du cimetière existant, tout en achevant les importants travaux relatifs à la grande mosquée pouvant contenir dix mille fidèles et à la future université qui pourra dispenser des formations en sciences islamiques par l’intermédiaire de spécialistes reconnus pour leur compétence.

Sidi Jamâl s’inscrit d’emblée dans la continuité de l’esprit de l’enseignement de sidi Hamza et de ses principes d’éducation spirituelle. Il met notamment l’accent sur la nécessité pour ses disciples de pratiquer assidûment l’invocation (dhikr), particulièrement la répétition du témoignage de foi « Lâ ilaha illâ Allâh » afin de purifier le cœur et de lutter contre le seul ennemi qu’il vaille de combattre : notre propre ego. Il contribue à unifier et à rassembler les âmes afin que se propage l’amour universel dans les consciences et dans les actes.

Sidi Jamâl met également en avant les valeurs de service de Dieu et de la voie, de générosité, et d’excellence de comportement. Il exhorte tous les disciples à se comporter en « bons citoyens » et à respecter les lois du pays dans lequel ils vivent.

D’un point de vue plus intérieur, il insiste sur la fonction du maître éducateur (sheykh at-tarbiya), capable de purifier et de transformer les cœurs, ainsi que sur la relation d’amour spirituel qui unit le guide et l’ensemble des disciples.