1.   Quelles sont les pratiques spirituelles dans le soufisme ?

L’invocation de différents noms divins (dhikr) est la pratique la plus répandue : elle est transmise par un guide vivant, et chargée de son influence spirituelle. La pratique de cette invocation purifie et illumine le cœur : elle a pour effet de l’éveiller progressivement à la présence divine.

Le dhikr se pratique à la fois seul et en groupe : il permet de faire l’expérience de cette présence, de la « goûter », de passer du savoir à la connaissance.

Il  peut également exister différentes autres pratiques spirituelles selon les voies (chant, danse, retraite, etc…)

« Certes le souvenir de Dieu est plus grand que toute chose” (Coran, XXIX,45).

Souvenez vous fréquemment de Dieu, peut être réussirez vous” (Coran, LXII,10)

2.   Qu’entend on exactement par « le cœur »

Le cœur est le lieu de la perception de la lumière divine, de la connaissance divine.

Il peut être recouvert de « voiles », constitués par tout un ensemble de conditionnements, d’illusions, de désirs et de peur : ces voiles nous empêchent de connaître une véritable paix intérieure.

Les pratiques spirituelles vont permettre d’enlever ces voiles, et de rendre le cœur « voyant » et « connaissant ».

– « En vérité, les cœurs sont atteints par une rouille semblable à la rouille du cuivre… » (hadith)

– « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. » (Psaumes de David)

3.   Faut il être musulman pour être soufi ?

On peut être touché par la poésie, la musique ou la sagesse soufie, quelles que soient sa culture d’origine et ses croyances religieuses. Néanmoins, cheminer dans une voie soufie revient à entrer en islam. Tous les maîtres soufis étaient (ou sont) musulmans, ainsi que leurs disciples. Dans toute religion, les rituels ont une origine divine, qui transforme le cœur de ceux qui les mettent en pratique. Ces rituels ont également des significations symboliques très profondes ; ils offrent enfin un cadre et une protection pour le cheminant.

Néanmoins, les rites ne sont pas un but en soi, mais ils nous permettent une transformation intérieure.

« Les œuvres (rituelles) sont des formes mortes. La vie y pénètre par le secret de l’intention pure » (« Sagesses » de Ibn Ata Allah)

« Il ne faut pas confondre la lune avec le doigt qui montre la lune » (proverbe zen).

4.   Cette voie est-elle compatible avec la culture et le mode de vie en occident ?

Oui, elle est pleinement compatible avec le mode de vie et la culture occidentale : il ne s’agit pas de changer sa culture, mais de suivre un enseignement.

Plus encore, la pratique du soufisme doit rejaillir positivement sur tout notre entourage, car le soufisme, « c’est l’excellence de comportement ».

Les soufis sont généralement engagés dans leur vie professionnelle, familiale et de citoyen. Ils sont discrets, comme on a pu l’écrire : « La conformité est leur ascèse, l’ordinaire leur miracle. Leur vie conjugue […] les affaires du siècle et celles de l’éternité »*

Enfin, la connaissance de l’arabe n’est pas indispensable pour suivre une voie soufie.    

*M. Chodkiewicz, introduction aux écrits spirituels de l’Emir Abd el Kader

5.   Pourquoi le soufisme est-il parfois critiqué ?

Certaines personnes ne comprennent pas la nécessité d’un maître, et disent que c’est de « l’associationnisme », alors que le maître spirituel est une porte, un « moyen d’accès »

« Et cherchez un moyen d’accès auprès de Dieu. » (Coran XX)

D’autres reprochent aux soufis de rechercher des pouvoirs extra-ordinaires (marcher sur des braises, charmer des serpents, etc…) : il est vrai que, si des « déviances » ont pu malheureusement exister dans certaines voies, le seul objectif d’une voie authentique est la connaissance divine et la transformation intérieure.

D’autres enfin disent que le soufisme est une secte « hérétique », alors que le respect des prescriptions rituelles de l’islam est une condition nécessaire pour le cheminant.