Cet essai a pour but essentiel de fournir une biographie du Prophète de l’Islâm qui permette à chacun, à partir  du déroulement divinement disposés des événements de sa vie, d’enraciner dans son Cœur la Lumière de la Certitude dont il était le Messager de la part de Dieu et l’Exemple excellent, la Guidance qu’il incarnait, en vue de notre édification personnelle1. Cette Vie lumineuse se suffisant à elle-même, comme chacun pourra l’apprécier, en toute Vérité.

La lignée hachémite du Prophète de Dieu Mohammed

Durant la période précédant l’Islâm, appelée « al-Jâhiliyya » qui signifie : ignorance, la péninsule Arabique où le ciel étoilé se confond avec les oasis terrestres, était livrée, pour l’essentiel2, selon les seules passions humaines, à l’anarchie et au désordre. A cette époque chaque groupe, clan ou tribu avait ses dieux qu’il adorait sous l’aspect d’idoles sculptées dans la pierre. Les tribus de la péninsule étaient continuellement en guerre afin de s’approprier les femmes, le cheptel et autre butin ; et la société était dominée par une aristocratie de riches commerçants, essentiellement les Quraychites installés à la Mecque, centre antique de pèlerinages qui regroupait notamment à ces occasions les caravanes en transit. Le Texte sacré fait état très clairement de cette situation dans les Versets suivants : Qorân V 50 : « Aspirent-ils à revenir à l’emprise du temps de l’ignorance ? Qui d’autre qu’Allâh a la meilleure emprise que sur ceux qui possèdent la certitude ? ». Et : (XLVIII 26) «Lorsque les incrédules eurent mis dans leurs cœurs la fureur de l’ignorance, Dieu fit descendre sa Sakînat sur son Prophète et les croyants. »

Hachim, ancêtre éponyme de la lignée hachémite, encore présente dans le Royaume de Jordanie actuel, dont le nom signifie « l’émietteur de pain », fait suite à une action de bravoure de sa part visant à nourrir la population de la Mecque affamée3. L’arrière-grand-père du Prophète, était connu pour son charisme, sa générosité et son élévation morale. Il faisait en sorte que toutes les caravanes venant des empires voisins : Perse, Turquie, Yémen, Syrie, Byzance, Ethiopie, puissent circuler en Arabie en toute sécurité. Dès lors, aux yeux des Mecquois, les descendants directs de Hachim dont faisait partie Abd al Muttalib, le grand-père de Mohammed, acquirent sympathie et respectabilité et furent investis de fonctions sacerdotales prestigieuses. Ainsi, Abd al Muttalib exerçait les fonctions d’intendant du Temple sacré : la Ka’ba, porteuse de la Pierre noire descendue du Paradis, qui remonte selon la tradition à Adam –  premier lieu qu’il occupa sur terre après sa « Chute » et où il retrouva Eve – ; et qui fut restaurée par Abraham et son fils Ismaël, l’ancêtre de la lignée prophétique propre aux Arabes.

Non loin de la Ka’ba se trouve un autre don de Dieu, le puits miraculeux de Zam-Zam, apparu, afin de désaltérer Ismaël et sa mère Hâjar4 lors de leur course dans le désert entre Marwa et Safa5; et qui, avec le temps, s’était ensablé. Un Ange vint alors visiter Abd al Muttalib et lui ordonna de mettre à jour la source tarie qui finit par jaillir à nouveau pour le bonheur des Pèlerins jusqu’à nos jours. Abd al Muttalib fut alors chargé de son usage auprès des Pèlerins. Afin de rester dans la lignée prophétique qui se portait sur lui, Abd al Muttalib, sur les recommandations d’un devin versé dans les Ecritures anciennes, conclut pour son fils préféré Abd Allâh un mariage avec Amina, la future mère du Prophète. En ce jour de noces Abdallâh, le père du Prophète, avait, selon le témoignage de Qutayla6 sœur d’un Hanif renommé : Waraqah, le front auréolé d’une lumière rayonnante qui, une fois le mariage consommé, avait disparue pour passer dans les entrailles d’Amina. Peu après, avant même la naissance du Prophète, Abd Allâh était emporté, de retour d’un voyage, par une maladie brutale ; laissant son fils orphelin de père.

Concernant la naissance de son fils, Amina disait : « Alors que j’étais enceinte de l’Apôtre d’Allâh, je n’ai ressenti aucune gêne, jusqu’au moment où je l’ai mis au monde. Dès qu’il quitta mon ventre il émit une lumière qui illumina tout ce qui se trouvait entre l’Orient et l’Occident… Mon fils naquit pur et sans taches comme un agneau, circoncis, et le cordon ombilical déjà coupé par l’Archange Gabriel. »

Par Michel Abdallah Grimbert

Disciple de la tariqa Qadiriya Boutchichia

 Dans ce travail nous avons suivi le plan du livre de Zidane Meriboute, basé sur la recension de Ibn Sa’d : « Une nouvelle Vie du Prophète Muhammad » Eds Erick Bonnier ; complété par les ouvrages de : Etienne Dinet et El Hadj Sliman ben Ibrahim, Muhammad Hamidullah, Mohammed El-Khudhary et Martin Lings. La traduction du Texte sacré, choisie est celle de Denise Masson : « Le Coran » Eds Gallimard ; complétée par celles de : Jacques Berque et Muhammad Hamidullah.

2 Pour autant, les croyants tournés vers Dieu : l’Unique, n’étaient pas totalement absents en Arabie avant l’apparition de l’Islâm. En effet, des communautés arabes chrétiennes étaient présentes notamment à l’oasis de Najrân, des tribus juives à Yathrib mais aussi des arabes appelés hanufâ’ (sing. hanîf) qui individuellement avaient conservé le monothéisme légué par Abraham. Les arabes étaient en attente de leur Révélation et interrogeaient ce ciel sans fond, à la dimension de leur espérance.

3 En effet lors d’une période de famine n’avait-il pas été se ravitailler en pain cuit jusqu’en Syrie pour permettre à la population de la Mecque de se nourrir. Sacrifiant ensuite ses chameaux dans le même but. Cet acte de bravoure fit dès lors de lui le véritable héros de la Mecque.

4 En effet après la naissance d’Isaac né de Sarah, celle-ci jalouse, obligea Abraham à chasser Hajar et son fils dans le désert.

5 Qorân II 158 : « As-Safâ et Al-Marwat comptent vraiment parmi les choses sacrées de Dieu. »

6 Outre Qutayla de nombreuses femmes, telle Amina, la mère du Prophète ou Khadîdja son épouse, ont vu, bien avant les hommes, cette lumière prophétique dont était porteur Mohammed.

 

Martin Lings auteur du Livre - Le prophète Muhammad

Livre "Le prophète Muhammad"