COMPTE-RENDU DU LIVRE

LA VOIE DU CŒUR ET LA VOIX DE DIEU

Monsieur Jean-Bruno Falguière nous avait déjà fortement impressionné par son premier livre, « Scribe de Dieu – Un voyage spirituel au cœur de la confrérie soufie Qadiriya Boutchichiya ».

Ce nouveau livre nous emmène encore plus loin dans le cheminement spirituel de l’auteur dans cette même voie soufie.

Il s’ouvre sur une belle préface de Madame Annick de Souzenelle, initiée à l’hésychasme, qui à cette occasion fait montre d’universalité. Voici une noble femme ayant épousé la voie du christianisme orthodoxe et qui encense un homme issu de la tradition chrétienne ayant épousé la Voie Soufie. Ces traditions ne s’excluent pas bien au contraire. Elles s’épousent et se conjuguent continuellement dans le cœur de Jean-Bruno Falguière.

Le livre « La voie du cœur et la voix de Dieu » est composé de cinq parties : Le bouleversement, La voie du Cœur, La voix de Dieu, Le Réveil, Le commandement.

Dans la première partie intitulé « Le bouleversement », l’auteur nous invite à l’accompagner dans le changement de regard à porter sur soi et le monde afin de grandir et de nous éveiller à notre nature spirituelle. La période du Covid pendant laquelle on est passé de la peur du virus au virus de la peur devient une formidable occasion pour prier et jeûner au monde. Et c’est ainsi que de prière en prière, de méditation en méditation, l’auteur se désidentifie progressivement de son corps, de la culpabilité, de son mental, du moi-je et de ce qu’il voyait comme ses imperfections. En effet et comme il l’écrit « Notre imperfection est le lieu que Dieu s’est gardé en nous pour y déverser son Amour… ». De même pour le corps de l’être humain qui devient autre chose que ce que l’on peut observer avec l’œil de chair. La voie du cœur s’exprime ainsi « Mon vrai corps est autre chose. L’Amour en est le cœur et enrobant l’Amour il n’est que Lumière. L’Amour et la lumière c’est cela le corps…En fait, il n’y a que de la Lumière. Il n’y a pas moi et l’autre, moi et la chaise, ou moi et la montagne, il n’y a que Dieu. C’est juste l’illusion de l’existence d’un ‘’moi’’ qui crée l’illusion d’une distinction entre les formes ».

Le regard animé par la Conscience c’est-à-dire irrigué par l’Amour spirituel nous révèle la beauté du monde où il n’y a rien à ajouter, à annuler ou retrancher. Chacun de nous est légitime par sa seule présence.

Dans la seconde partie, c’est la voie du cœur qui est mise en évidence par le travail sur le cœur qui désigne dans le soufisme et toutes les spiritualités le centre subtil de l’être. Au fil des pages l’auteur nous amène par des mots simples et vivants à devenir les témoins de son dialogue intérieur et de sa maturation spirituelle. Les propos sont puissants et portent la marque de l’éternité. Voici quelques perles de cette sagesse éternelle :

  • « Rappelle-toi que le monde n’a pas été créé pour être pensé, commenté, modifié, transformé ou réinventé. Le monde a été créé pour être aimé et te permettre d’y reconnaître l’infinie puissance de Dieu et de son Amour…Et te rappeler qu’il t’a été donné de reconnaître son infinie puissance d’amour car tu es une émanation de Lui. »

  • « L’Amour se déploie lorsque tout est pardonné. En Amour il n’y a aucune condition au Pardon. »

  • « Sans l’Amour et le Pardon la réalisation de l’Être libéré de l’ego n’existe pas. »

  • « Lorsque tu pardonnes celui qui t’as volé, tu pardonnes au voleur qui est en toi. »

  • « Que l’Amour Nous bénisse. Quels que soient les mouvements, les agitations et les apparences, aucune forme n’est réellement vivante si elle n’est pas animée par l’Amour. »

  • « Ce que nous appelons ‘’impossibilité’’ est l’absence d’amour »

Dans la troisième partie, « la voix de Dieu », l’auteur nous offre des fragments de cette Parole oubliée, les ouvertures spirituelles qu’il vit et donc ce souffle d’éternité qui anime et inspire le cœur éveillé de Jean-Bruno Falguière. Ainsi des conseils sont notamment déposés sur le chemin de celui qui aspire à s’éveiller à sa nature spirituelle :

  • « Ce n’est pas à nous de trouver Dieu. A nous il incombe d’ouvrir notre cœur à ses Lumières afin que ce soit Lui qui nous trouve. C’est ainsi qu’il devient notre Guide. »

  • L’être humain est une « Parcelle du tout qui contient le Tout. Seul le Cœur peut lui délivrer ce secret. ».

  • « Nous nous aimons dans l’Amour de l’Amour. Nous nous aimons par l’Amour de l’Amour. Nous nous aimons pour l’Amour de l’Amour. En aimant nous rendons l’Amour visible. ».

  • « Il est Celui qui fait exister et donne vie à ce qu’IL regarde. Tu es celui qui implore Son Regard. Tu es celui qui implore un regard du Principe créateur. Tu es un mendiant de son Amour, car Tu n’existes que par Son Regard. Tout n’existe et ne prend vie que par le Regard de Dieu. Ne vit que ce qu’Il voit et regarde. C’est le regard de ton maître qui éveille et fait monter en toi la puissance de l’amour de Dieu. »

L’auteur en appelle à notre responsabilité d’être humain. On peut continuer à faire de notre monde un supermarché, un champ de bataille ou un désert d’amour. Pour autant, l’aventure humaine ne sera jamais autre qu’un voyage de la Conscience. L’être humain réalisé sur le plan spirituel est avant tout un être de Conscience. Le grand danger pour les êtres humains dans l’aventure de la vie est l’oubli spirituel, l’oubli de leur origine divine. La version chaotique du monde moderne est la conséquence directe de cet oubli spirituel.

Enfin la quatrième et cinquième partie nous emmènent sur les sommets de la réalisation spirituelle et notamment la vision de l’Un depuis le promontoire du Cœur de l’auteur. La multiplicité des formes et les singularités ne sont pas des différences mais juste l’expression de la richesse du Tout. Gare au mental qui voudrait piéger le cheminant en lui vendant l’illusion de la séparation, de la différence. Tout est relié, interconnecté, interrésonnant dans le Tout. Nous ne sommes absolument pas séparés les uns les autres et encore moins du divin qui nous contient tous dans le Tout et ce depuis toujours. Jean-Bruno Falguière nous invite lors des pratiques spirituelles à éveiller notre corps et plus largement notre être à l’Instant et à l’Immuabilité pour découvrir le silence de Dieu qui n’est autre que son langage.

En conclusion, Jean-Bruno Falguière ne cesse de répéter que ces mots ne sont pas les siens, que la présence de ses compagnons, le soutien et l’accompagnement de ses maîtres qui ne sont qu’un seul et même maître, une seule et même lumière, sont nécessaires pour voyager. Ce voyage requiert entre autres provisions : l’humilité, la sincérité, le sens du pardon.

S’il y avait un mot pour définir le soufi c’est celui de serviteur de l’Amour suivant en cela la loi éternelle « Si tu sers, tu seras servi. »