
Le terme « Ramadân » est un des Noms d’Allâh, assimilé à As-Samad : notons que les noms as-Samad et Ramadan ne figurent qu’une seule fois dans le Coran)
Le Jeûne du mois de Ramadân : Siyâm, est le quatrième des Cinq Piliers de l’Islâm.
Il consiste en l’abstention, depuis l’apparition de l’aube (premières lueurs avant l’aurore) jusqu’au coucher du soleil, de toute nourriture, boisson ou rapports intimes. Et il concerne tous les musulmans : pubères, sains d’esprit et qui n’ont pas d’obstacles dirimants à sa réalisation, tels : le voyage dans des conditions d’éloignement et de durée précises, la maladie nécessitant des soins diurnes, un état de faiblesse lié à l’âge ou au handicap et pour les femmes une situation d’impureté légale, liée au cycle hormonal et relative à la suspension de l’accomplissement des actes rituels.
Le jeûne du Ramadan revêt donc un caractère obligatoire pour le Musulman ou tout au moins pour celui qui aspire à l’expérience de l’islam intérieur. Il constitue un moment particulier de l’acceptation de l’indication divine et de la conformation de l’aspirant à cette indication.
Rappelons que le Qur’an fut révélé pendant le mois de Ramadan.
- Fondements coranique du jeûne rituel
Les versets instituant le jeûne rituel du Ramadan se trouvent dans la sourate al-Baqara (sourate n°2) :
« v. 183 : Ô vous qui croyez ! Le Jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit aux générations qui vous ont précédés. Peut-être craindrez-vous Dieu.
v.184 : Jeûnez durant des jours comptés (ayyâm ). Celui d’entre vous qui est malade ou qui voyage jeûnera ensuite un nombre égal de jours. Ceux qui pourraient jeûner et qui s’en dispensent, devront, en compensation, nourrir un pauvre. Celui qui, volontairement, fera davantage y trouvera son propre bien. Jeûner est un bien pour vous. Peut-être le comprendrez-vous.
v.185 : Le Qorân a été révélé durant le mois de Ramadân. C’est une Direction (Hudâ) pour les hommes ; une manifestation claire de la Direction et de la Loi (Furqân). Quiconque d’entre vous, verra (shahida) la nouvelle Lune jeûnera le mois entier. Celui qui est malade ou qui voyage jeûnera ensuite le même nombre de jours. Dieu veut la facilité (al-yusra) pour vous, Il ne veut pas pour vous la contrainte (al-‘usra). Achevez cette période de jeûne ; exaltez la grandeur de Dieu qui vous a dirigés. Peut-être serez-vous reconnaissants.
v.186 : Je suis proche, en vérité. Quand mes serviteurs t’interrogent à mon sujet ; je réponds à l’appel de celui qui m’invoque, quand il m’invoque (da’wata ad-dâ’i ; le terme employé est : da’wat et non pas : dhikr). Qu’ils répondent donc à mon Appel : qu’ils croient en Moi. Peut-être seront-ils bien dirigés.
v.187 : La cohabitation avec vos femmes vous est permise durant la nuit qui suit le jeûne. Elles sont un vêtement pour vous, vous êtes un vêtement pour elles. Dieu savez que vous vous lésiez vous-même ; il est revenu vers vous ; il vous a pardonné. Cohabitez maintenant avec vos femmes. Recherchez ce que Dieu vous prescrit. Mangez et buvez jusqu’à ce que l’on puisse distinguer à l’aube un fil blanc d’un fil noir. Jeûnez, ensuite, jusqu’à la nuit. N’ayez aucun rapport avec vos femmes lorsque vous êtes en retraite dans la mosquée. Telles sont les Lois de Dieu ; ne les transgressez pas. Voilà comment Dieu explique aux hommes ses Signes. Peut-être le craindrez-vous ! »
D’autres versets concernent notamment la question des réparations de jours non jeûnés.
- Particularités du jeûne du mois de Ramadan
Le statut spécifique du jeûne
« Rien ne lui est semblable » (Coran 42,11)
Le Prophète (PSL) a souligné ce caractère spécifique :
Ibn Arabî rapporte ce hadîth dans les Futuhat:Nasâ’i rapporte cette parole d’Abû Umâma : « Je m’approchai de l’Envoyé d’Allah et lui dis : « Donne-moi un ordre que je prendrai directement de toi. – Il répondit : Adonne-toi au jeûne, car il n’a pas de semblable ».
Le jeûne appartient à Dieu, il est dû par le musulman, qui ne peut s’en prévaloir
Abû Hurayra, qu’Allâh l’agrée, rapporte que l’Envoyé d’Allâh a dit (Hadîth qudsî) : « Allâh le Tout- Puissant a dit : « Tout acte du fils d’Adam lui appartient excepté le Jeûne, car le Jeûne est à Moi et c’est Moi qui en accorde la récompense. Le Jeûne est protection. Lorsque c’est pour l’un d’entre vous jour de jeûne, qu’il ne tienne donc pas des propos indécents, outranciers et qu’il ne vocifère pas. Si quelqu’un l’insulte ou l’attaque qu’il dise : « Je suis en état de jeûne, je suis en état de jeûne » […]
Selon Ibn Arabî
Ibn Arabî rappelle la parole divine « le jeûne M’appartient », et indique : « Il ne s’agit ni d’une œuvre d’adoration ni d’un acte (‘amal) » ; il précise : « le jeûne n’est pas un acte mais l’abandon d’un acte (tark).
- Un jeûne dont le sens dépasse les prescriptions physiques
Ahadîth qui indiquent l’incomplétude du jeûne s’il se limite à l’abstinence physique :
Hadîth d’après Abû Hurayra : « Il y a des jeûneurs qui n’auront d’autre effet à leur jeûne que la faim (sans récompense) ; et il est des hommes passant leurs nuits debout en Prières qui n’auront d’autres effet de leur Prière que la veille nocturne (sans récompense). »
Hadîth d’après Abû Hurayra : « Le jeûne est une protection. Que celui qui jeûne ne dise pas de grossièreté et n’agisse pas comme les ignorants. Si quelqu’un l’attaque ou l’injurie, qu’il dise par deux fois : je jeûne » (1894, Boukhârî)
Ibn Arabî à propos du jeûne (dans les Futuhat) : abstinence et élévation à la fois
Ibn Arabî rappelle que les Connaissants « ne s’opposent pas à ce qu’Allah leur commande et ils accomplissent ce qui leur est ordonné » (Coran 66 ;6)
Ibn Arabî a donné la définition suivante du jeûne : « une abstinence (imsâk) qui procure aux jeûneurs une élévation (rif’a) auprès d’Allah le Très-Haut à l’égard de toute chose dont le Droit divin (al-Haqq) leur a donné d’écarter leurs âmes et leurs membres » (Futuhat).
Ibn Arabî : « Sache que le jeûne c’est l’abstinence (imsâk) et l’exaltation (rif’a). On dit du jour qu’il « jeûne » (sâma) lorsqu’il culmine.Imru al-Qays[1] a dit « lorsque le jour s’éloigne et « jeûne », c’est-à-dire lorsqu’il atteint son sommet ». Le jeûne a été appelé ainsi parce qu’il s’élève en degré au-dessus de toutes les autres œuvres d’adoration. »
[1] Considéré souvent comme le plus grand poète arabe pré-islamique